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Spiritualité et management : un tournant en France ?

croissance et intelligence spirituelle

Les choses bougent. J’ai récemment assisté à un colloque à Montpellier sur le thème « Spiritualité et management », un événement aussi rare qu’essentiel en France, qui mérite d’être salué.

Une inspiration venue d’ailleurs

Introduire la spiritualité dans le management et le leadership est une idée venue du monde anglo-saxon, popularisée depuis une vingtaine d’années, notamment à travers les travaux de Danah Zohar. Cette approche a été explorée à la fois en psychologie (avec les intelligences multiples) et dans les sciences de gestion, notamment à travers la notion d’intelligence spirituelle.

Les fondements d’une approche nouvelle

Les principes de cette approche sont simples et puissants :

  • Tout est interconnecté, dans un monde devenu (enfin reconnu comme) complexe.

  • La quête de sens est inhérente à l’humain.

  • L’entreprise « apprenante » ne se demande plus seulement pour qui elle produit, mais pour quoi. À quel besoin sociétal profond répond-elle ?

  • Elle devient flexible, capable de s’adapter à des transformations rapides et permanentes.

  • Elle mobilise l’intelligence collective, à travers ses collaborateurs, partenaires, sous-traitants, dans une dynamique de co-création.

  • Elle s’ouvre à l’intuition, à ce que certains nomment l’écoute générative.

Tout cela correspond à une forme d’intelligence spirituelle, appliquée à la gouvernance et à la transformation.

Le paradoxe français

Alors pourquoi ce sujet reste-t-il si tabou en France, malgré son efficacité prouvée dans certaines entreprises innovantes (comme Airbnb) ?

Nous sommes confrontés à un paradoxe culturel :

  • La spiritualité est traditionnellement associée aux religions. Or en réaction à certains abus, la laïcité a été érigée en dogme, bannissant même le mot « spiritualité » de l’espace public et professionnel.

  • Lors du colloque, ce paradoxe est réapparu :

    • Une difficulté à définir ce qu’est réellement la spiritualité : souvent réduite à la compassion, en oubliant la rigueur et la transcendance intuitive, pourtant piliers essentiels.

    • Des intervenants parlant de leur foi personnelle, sans toujours réussir à s’en détacher. Or, prendre du recul vis-à-vis de ses croyances, les considérer comme des représentations parmi d’autres, est une preuve de maturité spirituelle, comme l’ont montré les existentialistes ou les phénoménologues.

    • Une confusion entre quête de bien-être au travail et quête de sens. Si ces deux démarches peuvent se rejoindre, elles ne sont ni identiques ni interchangeables.

Peut-on réellement faire de l’entreprise un lieu de bien-être ? Ou s’agit-il plutôt d’un lieu de sens, de transformation, de conscience ?

Une percée encourageante

Malgré ces tensions, les lignes bougent. Le fait que l’université s’empare du sujet est un signe fort.

Des ateliers de grande qualité ont exploré :

  • Les valeurs (avec notamment le modèle de Schwartz),

  • La typologie des personnalités,

  • La connaissance de soi et le rôle de chacun dans la société,

  • L’intelligence spirituelle, les archétypes (Jung, Campbell),

  • L’évolution des sociétés (modèle Spiral Dynamics de Graves),

  • Et même des applications industrielles d’enseignements issus de traditions anciennes.

Une chose est sûre : la porte est entrouverte. Le travail ne fait que commencer, mais l’élan est là.

À suivre…

1 réflexion sur “Spiritualité et management : un tournant en France ?”

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