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Partager la richesse : quelle responsabilité, quelles ressources, quel modèle de société?

Partage richesse

Introduction : un mot, des malentendus

La notion de partage de la richesse est souvent réduite à sa dimension économique : redistribution du capital, rémunération du travail, ou équilibre entre facteurs de production. Pourtant, cette approche, dominante depuis le XVIIIe siècle, ne suffit plus à rendre compte des enjeux contemporains. Car la richesse ne se résume pas à un pouvoir d’achat, et le partage ne peut être limité à la redistribution monétaire opérée par l’État.

Dans un monde traversé par des crises économiques, sociales, écologiques et culturelles, il est urgent de redéfinir ce que nous entendons par richesse, et qui doit en assurer le partage – individus, collectifs, ou institutions ? C’est à cette réflexion que cet article entend contribuer.

Du partage à la redistribution : une confusion historique

Le poids de l’État et l’héritage industriel

En France, la notion de partage est souvent confondue avec la redistribution assurée par l’État. Héritage des révolutions industrielles et des mouvements ouvriers, cette redistribution visait à limiter les inégalités les plus criantes et à maintenir l’ordre social. Le salariat – fondé sur un lien de subordination – s’est imposé comme pilier de ce modèle, avec une vision binaire : le patron capitaliste face au salarié exploité.

Or ce schéma ne correspond plus à la réalité d’aujourd’hui. La structure sociale s’est complexifiée, les frontières idéologiques entre droite et gauche se sont estompées, et la classe moyenne s’est fragmentée. Par ailleurs, de nouveaux acteurs – associations, mutuelles, structures de l’économie sociale et solidaire – interviennent dans des secteurs autrefois réservés à l’État.

Une responsabilité partagée

Le partage ne peut être délégué uniquement à l’État. Il implique aussi une responsabilité individuelle. Entre choix personnels et obligations collectives, se pose la question des valeurs qui fondent notre cohésion sociale. Le partage ne relève pas seulement de la contrainte, mais aussi d’un engagement volontaire, éthique et citoyen.

De quelle richesse parlons-nous ?

Dépasser la richesse économique

La richesse, selon la tradition libérale initiée par Adam Smith, est liée à la production, la consommation et la croissance. Mais ce modèle a montré ses limites. Les crises – financières, environnementales, sanitaires – révèlent combien une approche strictement économique est insuffisante.

Selon Wikipédia, la richesse est “l’état dans lequel se trouve celui dont les ressources permettent de satisfaire à tous ses besoins.” Ce lien entre ressources et besoins constitue une clé de compréhension essentielle.

Besoins fondamentaux et bien-être global

Depuis 1990, l’Indice de Développement Humain (IDH) complète les indicateurs économiques en intégrant trois dimensions :

  • La santé / longévité, mesurée par l’espérance de vie ;

  • L’éducation, mesurée par le taux d’alphabétisation et de scolarisation ;

  • Le niveau de vie, mesuré par le revenu national brut par habitant.

Les pays de l’OCDE y ajoutent l’exclusion, via le taux de chômage de longue durée.

Ainsi, la richesse devient plurielle : elle comprend les infrastructures sociales, les opportunités culturelles, la qualité de vie, la sécurité alimentaire, l’accès à l’information… Elle ne peut se réduire à la seule performance des entreprises.

Qui doit organiser le partage ?

Niveaux d’organisation

La mondialisation pose une question majeure : le partage doit-il s’organiser au niveau local, national, européen ou international ? En France, faut-il en confier la charge à l’État, aux individus, aux collectivités territoriales, ou à la société civile ?

Le rôle croissant de la société civile

L’économie sociale et solidaire – associations, mutuelles, coopératives – occupe une place croissante. Mais elle reste confrontée à un dilemme : concilier éthique du partage et équilibre financier. Ces structures, parfois assimilées à des entreprises classiques, posent la question d’un partage rentable : peut-on partager sans sacrifier les valeurs ?

Que partager aujourd’hui ?

Trois formes de richesse à partager

  1. Les biens matériels : revenus, logements, nourriture, etc.

  2. Les biens immatériels : éducation, santé, accès à l’information, culture.

  3. Les résultats de la création de valeur économique, via l’emploi, la fiscalité ou les investissements collectifs.

Mais il existe aussi une richesse souvent négligée : la culture partagée, les liens sociaux, le vivre-ensemble, les lieux de rencontre intergénérationnels et interculturels.

Vers une société du bien-être

La richesse de la France ne réside pas uniquement dans ses entreprises, mais dans sa qualité de vie : une agriculture durable, des PME ancrées dans les territoires, un système éducatif à repenser, un patrimoine naturel et culturel à valoriser.

Conclusion : repenser la richesse pour refonder le partage

Avant de parler de partage, il faut redéfinir la richesse. Ce n’est plus la quantité de biens possédés, mais la capacité à vivre bien ensemble. L’objectif n’est plus seulement la croissance, mais le bien-être, voire le bonheur partagé.

La France a les moyens de repenser son modèle, à condition d’assumer une double mutation :

  • Civique : encourager la responsabilité individuelle, notamment à travers l’engagement volontaire (comme aux États-Unis, où le bénévolat est valorisé dès le lycée).

  • Politique : orienter les politiques publiques vers les besoins fondamentaux : santé, éducation, logement, culture, lien social.

La richesse de demain ne sera pas seulement monétaire. Elle sera écologique, sociale, relationnelle et culturelle. Le défi est immense, mais la France a un rôle unique à jouer – en Europe comme à l’international – pour inventer une société du partage éclairé.

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