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Penser par soi-même : une urgence contemporaine

Identité et psychologie

Nous vivons une étrange période où émergent, pêle-mêle, le meilleur comme le pire. Les crises que nous traversons — sanitaires, économiques, politiques — provoquent désarroi et souffrance, mais elles ont aussi une fonction salutaire : celle de nous réveiller, de nous inciter à nous questionner, individuellement et collectivement.

Cependant, ces bouleversements ne surgissent pas dans un vide : ils s’inscrivent dans un contexte inédit d’interconnexion planétaire. Internet, les réseaux sociaux, l’accès instantané à l’information ont radicalement transformé notre rapport au monde et à la connaissance. L’information circule… parfois trop, parfois mal, mais elle circule. Et ce flux permanent rend la société civile à la fois plus consciente, et plus critique.

Les régimes autoritaires l’ont compris depuis longtemps : contrôler l’information, c’est contrôler les esprits. Mais même dans les démocraties occidentales, le constat interroge : une poignée d’agences – trois ou quatre tout au plus – filtre les dépêches diffusées dans le monde entier. L’information semble donc verrouillée… et pourtant, elle trouve toujours un chemin, comme l’eau s’infiltrant dans les interstices.

Une scission dans la société

De nouvelles fractures apparaissent. Entre ceux qui croient les discours officiels et ceux qui les remettent en question. Entre ceux qui évitent toute position critique, par peur ou confort, et ceux qui s’indignent d’une restriction progressive des libertés, souvent justifiée au nom de la sécurité – une sécurité illusoire, car nous savons tous qu’un jour ou l’autre, nous mourrons.

Je ne me prononcerai pas ici sur qui a raison ou tort. Ce n’est pas le sujet. Il s’agit d’un chemin personnel : celui de l’éveil de la conscience. Et dans cette quête, la pensée critique joue un rôle fondamental.

Exercer la pensée critique : un exemple concret

Prenons une situation banale : je ressens de la colère après avoir écouté le discours télévisé d’un dirigeant politique. Trois options s’offrent à moi :

  1. Je laisse exploser ma colère : j’insulte l’écran, puis j’éteins (je nourris ma colère, sans la transformer).

  2. J’éteins sans réagir : j’enfouis la colère, jusqu’à la prochaine fois (je choisis l’apathie).

  3. Je me questionne : pourquoi cette colère ? Que vient-elle me dire ? (je choisis la pensée critique).

C’est cette troisième voie qui mérite notre attention. Que représente cet individu pour moi ? Quelles valeurs sont, selon moi, bafouées ? Quelle est la part de projection dans mon jugement ? Qu’est-ce que ce malaise me révèle de mes convictions profondes ?

De l’émotion à l’action consciente

Cet exercice de clarification permet de comprendre que la colère n’est pas un problème, mais une énergie brute. Si elle reste enfermée, elle consume de l’intérieur. Mais si elle est analysée, comprise, canalisée, elle peut devenir un moteur d’action, de parole, de transformation.

Il ne s’agit pas de trouver la bonne réponse, mais une réponse juste pour soi, fondée sur une prise de recul et un questionnement. C’est cela, exercer son esprit critique : choisir sa réaction, agir en conscience, et non par réflexe.

En conclusion

Face à la complexité du monde, la pensée critique n’est plus un luxe, mais une nécessité. Elle nous permet de mieux comprendre notre rapport à l’information, à l’émotion, à l’autre — et donc à nous-mêmes. Elle constitue un outil de libération intérieure, une clé de souveraineté personnelle, et un pont vers la connaissance de soi.

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