Les choses bougent et je viens d’assister à un colloque à Montpellier sur le thème ‘Spiritualité et management’, évènement assez exceptionnel en France et qui mérite d’être salué. (ce colloque s’est tenu en 2019)
La recherche de l’intelligence spirituelle a commencé il y a une vingtaine d’années, notamment avec les travaux de Zohar. L’approche spirituelle a été explorée ensuite dans le domaine du management et du leadership mais aussi de la psychologie avec la notion d’intelligences multiples.
Les fondamentaux
Les fondamentaux sont simples et je vous les résume partant que par principe tout est interconnecté et que le monde est complexe (il l’a toujours été mais nous commençons seulement à le comprendre au travers de crises environnementales) et que la quête de sens est inhérente à la nature humaine, l’entreprise dite ‘apprenante’ se pose la question, non de ce que souhaite ses clients directs, mais la société de façon générale dans un espace- temps donné. La question du “Pour qui” (nous produisons) a été remplacé par la question du “Pour Quoi” (A quel besoin mon entreprise répond t ‘elle). L’entreprise se doit alors d’être flexible pour s’adapter aux changements sociétaux permanents. Et comme plusieurs cerveaux valent mieux qu’un, elle fait appel à l’intelligence collective, celle de ses partenaires internes (salariés…) ou externes (sous-traitants, consultants…) dans un jeu gagnant- gagnant. Elle recourt aussi à l’intuition (ou écoute générative) Cette façon de procéder relève de ce qui s’appelle en psychologie l’intelligence spirituelle.
Le principe est simple, me direz-vous et il marche (voir entre autres l’exemple d’Airbnb qui a revisité la notion d’offre de logement). Alors pourquoi en France la spiritualité est -elle restée jusqu’à aujourd’hui un sujet tabou, privant ainsi les leaders et managers du recours à des techniques de management innovantes, faute de savoir qu’elles existent ? A mon avis, car nous sommes face à un paradoxe : La spiritualité est historiquement le pré-carré des religions ; Compte tenu des débordements de celles-ci et de leur instrumentalisation politique, la laïcité a alors été élevée en France au niveau de dogme et le mot ‘spiritualité’ banni. Et lors du colloque ce paradoxe a resurgi avec :
L’intelligence spirituelle, un concept difficile à définir
- La difficulté à définir le mot spiritualité qui se confondait souvent avec la compassion, oubliant alors la rigueur et l’intuition (transcendance), les deux autres piliers de la spiritualité ;
- L’intervention d’intervenants parlant de leur religion et ayant du mal à se dégager de leurs propres croyances. Or prendre du recul avec celles -ci comme représentations du monde est l’un des traits de l’intelligence spirituelle, comme l’évoquaient les existentialistes en philosophie ou les phénoménologistes en psychologie ;
- La confusion entre recherche de bien-être au travail et recherche de sens ou spiritualité ; si les deux recherches peuvent converger, il s’agit bien de deux démarches différentes ; on peut d’ailleurs s’interroger sur le fait de vouloir faire des lieux professionnels des lieux de bien-être.
Mais les choses bougent et même si le sujet est nouveau et a besoin d’être travaillé, la porte est ouverte dans la mesure où l’université s’est emparée du sujet.
Des ateliers de grande qualité se sont déroulés pendant ce colloque, au cours desquels il a été question de valeurs (dont le modèle Schwartz que j’ai évoqué sur mon blog), de typologie de personnalités (connaissance de soi et identification du rôle de chacun dans la société selon sa personnalité), de conscience et intelligence spirituelle, d’archétypes (travaux de Jung ou de Campbell), d’évolution sociétale (‘Spiral Dynamics’ de Graves) mais aussi d’approches innovantes s’appuyant sur d’anciennes traditions et…. appliquées au process industriels.
A suivre donc….