La prophétie de Shambhala

« Il arrive un temps où toute vie sur Terre est menacée. De grandes puissances barbares ont surgi. Bien qu’elles dépensent leurs ressources en préparatifs destinés à s’anéantir mutuellement, elles ont beaucoup en commun : des armes au pouvoir destructeur inimaginable et des technologies qui dévastent notre monde. Dans cette ère, lorsque l’avenir de toute vie sensible est suspendue au plus frêle des fils, le royaume de Shambhala émerge.

Vous ne pouvez vous y rendre car il ne s’agit pas d’un lieu. Ce n’est pas une entité géopolitique. Ce royaume existe dans le cœur et l’esprit des guerriers du Shambhala. Vous ne pouvez pas non plus reconnaître un guerrier du Shambhala quand vous le rencontrez, car ils ne portent ni uniformes, ni insignes, et ne portent pas d’étendards. Ils n’ont pas de barricades où grimper pour menacer l’ennemi, ou derrière lesquelles se cacher pour se reposer ou se rassembler. Ils n’ont même pas de territoire propre et doivent toujours se déplacer sur le terrain des barbares eux-mêmes.

Maintenant vient l’heure où un grand courage – un courage moral et physique – est requis des guerriers du Shambhala car ils doivent se rendre au cœur même de la puissance barbare, dans les recoins et les citadelles où les armes sont fabriquées et gardées, afin de les démanteler. Pour démanteler les armes, dans tous les sens du terme, ils doivent aller dans les couloirs du pouvoir, là où les décisions sont prises.
Les guerriers du Shambhala en ont le courage car ils savent que ces armes sont « manomaya », des créations mentales. Fabriquées par l’esprit humain, elles peuvent être défaites par l’esprit humain. Les guerriers du Shambhala savent que les dangers qui menacent la vie sur Terre ne nous sont pas imposés par une puissance extra-terrestre, des déités sataniques, une fatalité maligne ou une prédestination. Ils viennent de nos propres décisions, de notre style de vie et de notre relation avec les autres.

Aussi, les guerriers du Shambhala s’entraînent. Comment s’entraînent-ils ?

Ils s’entraînent en utilisant deux armes. Ces armes sont la compassion et la prise de conscience. Les deux sont nécessaires. Il vous faut de la compassion parce qu’elle vous donne l’énergie, la puissance et la passion nécessaires pour avancer. Cela signifie ne pas avoir peur de la souffrance du monde. Vous pouvez alors vous y ouvrir, avancer, agir. Mais cette arme en elle-même ne suffit pas. Utilisée seule, elle peut vous brûler. Vous avez donc besoin de l’autre – vous avez besoin de prendre conscience de l’interdépendance radicale de tous les phénomènes. Cette sagesse vous dit qu’il ne s’agit pas d’une bataille entre les « bons » et les « méchants » parce que la démarcation entre le bien et le mal parcourt le paysage de chaque cœur humain. Grâce à la perception de notre interdépendance profonde – notre écologie profonde – nous savons que les actions entreprises dans une intention pure se répercutent sur l’ensemble de la toile de la vie, au-delà de ce que l’on peut mesurer ou discerner. Mais comme cette prise de conscience seule peut s’avérer trop froide, nous avons besoin de la chaleur de la compassion. Ensemble, ces deux notions peuvent nous aider à être les agents d’un changement salutaire. Ce sont des dons pour que nous puissions participer à la guérison de la planète »

* Cette prophétie est relatée dans le livre de Joanna Macy « Ecologie Pratique et Rituels pour la Terre ». Elle l’a entendue raconter en 1980 par des amis tibétains et est perpétuée depuis douze siècles.

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