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Qu’est-ce que vivre ? qu’est-ce que vieillir ?

L’exil volontaire en retraite comme chemin vers la liberté et la découverte de soi

Pour la seconde fois de ma vie, j’ai choisi de tout quitter et de partir. Cette décision m’a amenée à réfléchir sur mes motivations. Rien ne m’y obligeait, à part peut-être un ennui persistant. Retraitée, entourée d’amis et menant une vie agréable, pourquoi partir ?

Ce désir puissant de liberté fut ma première réponse. Libérée des attaches, j’avais la liberté de penser, d’aimer et d’agir selon mes envies. C’est un sentiment complexe à expliquer dans une société où la norme est le couple et où le bonheur ultime semble résider dans la vie à deux. Peu de mes amis comprenaient ce besoin d’espace, surtout à mon âge – 70 ans. Mon histoire, à l’instar de celle de nombreux retraités qui choisissent l’exil, remet en question les idées reçues sur le vieillissement.

Traditionnellement, la retraite est perçue comme une période de repli et de déclin. Or, avec l’arrivée à la retraite des baby-boomers, cette étape de la vie s’est métamorphosée en un moment de croissance, d’exploration et d’engagement actif avec le monde. De nombreux retraités voyagent, ce qui influence la manière dont les sociétés voient leurs aînés.

Mais cela soulève aussi des questions fondamentales sur la nature de la vie.

Les expériences de ces voyageurs nous rappellent que la vie est un flux dynamique et continu. Être vivant, c’est se construire sans cesse. La vie ne s’arrête pas avec la retraite ; elle continue, guidée par notre ADN individuel.

Être vivant, c’est aussi évoluer et transmettre les informations génétiques héritées, tout en les adaptant à notre contexte. Ces expatriés démontrent une force vitale remarquable, poussés par une impulsion intérieure à se libérer des limites et à affronter l’inconnu.

Cette énergie répond à deux besoins essentiels : (a) l’impératif de l’évolution et (b) la quête d’un but. Elle se manifeste dans une dynamique de découverte de soi et des autres.

En outre, la vie possède une capacité de régénération.

L’expatriation déclenche un voyage rétrospectif, où l’on redécouvre son histoire familiale et culturelle. Ce voyage n’est pas seulement spatial, mais aussi temporel, exprimant une quête de (re)connexion avec nos ancêtres. À travers mon exil, j’ai cherché à revivre l’histoire de mes ancêtres, pionniers et exilés. Cette plongée dans le contexte historique et culturel favorise une conscience historique unique, fusionnant l’histoire personnelle avec des récits culturels plus larges. Cette double navigation a des implications psychologiques profondes, conduisant à un sentiment de plénitude et d’ancrage, mais aussi à des dissonances lorsqu’on confronte des histoires ancestrales idéalisées aux réalités contemporaines.

Conclusion

En conclusion, si la retraite est traditionnellement vue comme un marqueur de vieillesse en Occident, cette perception change. La retraite devient le début d’une vie plus riche, un moment pour réaliser des rêves longtemps différés ou pour exprimer une personnalité longtemps retenue. À travers leurs voyages et rencontres, ces aventuriers redéfinissent les normes culturelles, ouvrant la voie à une société plus inclusive.

Elisabeth Carrio

https://elisabeth-carrio.com

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